Non,
Françoise, nous ne nous laisserons pas faire par le chagrin qui nous étreint à l’annonce de ton départ de notre monde ici bas. La pluie de ce printemps se mêle aux larmes et les souvenirs affluent. […]
Grande Dame délicieuse, dont l’élégance et la distinction très XVIème ne masquaient pas la force de caractère, l’âpreté au combat syndical, l’intransigeance sur sa conviction de l’importance de la place des femmes chirurgiens dentistes.
Je garde dans mon cœur les soirées sans fin où nous refaisions le monde, après avoir revisité le passé : ta vie et celle de ton mari étaient si intiment liées à l’Histoire de la Profession, que les chassés croisés entre la sphère privée, professionnelle et syndicale étaient nombreux.
« Il ne faut pas se laisser faire », me répétais-tu inlassablement, quand je te racontais nos combats du moment, que tu éclairais toujours avec la pertinence de l’expérience et de la connaissance des arcanes du Paris des négociateurs : les fonctionnements des Ministères ou de la Sécurité Sociale n’avaient nul secret pour toi, pas plus ceux des responsables de la profession…
La distance mondaine dont tu pouvais faire preuve répondait à mes yeux aux « sois forte » de ton injonction de vie : nos histoires professionnelles si proches nous avaient fais nous connaître malgré la différence de nos milieux d’origine.
Je pense à tes enfants, tes petits enfants, dont tu me parlais souvent avec fierté et surtout grande affection. Les « sois forte » ont parfois du mal à se laisser aller à leurs émotions, alors que ton amour pour eux était si grand.
Non, Françoise, je ne me laisserais pas faire par la tristesse qui m’envahit. Mais c’est dur.