Le snus : un enjeu de santé publique
Le SFCD lanceur d’alerte.
Le snus a été récemment popularisé en cette fin d’année 2022 sur les réseaux sociaux comme TIKTOK®, SNAPCHAT® et INSTAGRAM®, notamment par des personnalités du sport de haut niveau comme Zlatan IBRAHIMOVITCH, Karim BENZEMA ou Marcus THURAM. Au vu des milliers de « followers » concernés, le snus connaît, de ce fait, un succès croissant en Europe et particulièrement en France chez les jeunes de 18-30 ans, voire les adolescents. En l’espace de quelques semaines, le hashtag #lyftsnus a dépassé les 15 millions de vues.
Le snus est un mot emprunté au suédois : on le définit comme du tabac « oral » dont l’ancêtre serait le tabac à chiquer. Il se présente sous forme de petits sachets en mousseline de coton à l’instar des sachets de thé. Chaque sachet contient un mélange de tabac, d’eau, de sel, de carbonate de calcium et éventuellement d’arôme. Le sachet est disposé entre la gencive attachée et la lèvre supérieure, directement au contact des muqueuses afin que les millions de capillaires in situ absorbent rapidement la nicotine, de façon discrète, sans fumée ou vapotage. Il peut rester en place quelques minutes ou plusieurs heures selon les goûts.
Un sachet peut contenir de 3 à 20 mg de nicotine. Ils sont généralement vendus dans des petites boîtes qui contiennent classiquement 20 sachets.
Ainsi, une boîte peut contenir l’équivalent en nicotine de 60 cigarettes, sachant qu’une cigarette fumée contient 1 à 2 mg de nicotine.
La diffusion topique de la nicotine via les capillaires sanguins entraîne une libération d’endorphines plus intense et prolongée qu’une cigarette classique, dopant transitoirement la concentration, rendant cette pratique récréative très addictive.
Il existe également une variante « sèche » du snus, le lyftsnus évoqué plus haut, où le tabac humide est remplacé directement par de la poudre de nicotine.
Le snus a été conçu en Suède et y est toujours commercialisé, malgré l’interdiction de vendre ce produit au sein de l’Union Européenne prononcée en 1992. En effet, le Luxembourg et la Suède sont les deux seuls pays ayant obtenu une dérogation pour exploiter et vendre le snus sur leur territoire. Pour autant, à l’ère du numérique et du commerce en ligne, il est très facile à ce jour de s’en procurer sur le net dans ces deux pays, ainsi qu’au Royaume-Uni et en Suisse.
Les codes culturels et sociaux incitent les jeunes adultes et adolescents à faire différemment des plus âgés : la cigarette est ainsi « ringardisée », et l’effet « smokless » est recherché pour sa discrétion. Par ailleurs, les producteurs de snus l’ont bien compris en axant leur politique marketing sur des valeurs ludiques et accessibles. Ainsi, on peut choisir une multitude de goûts comme menthe fraîche, chocolat, fraise, melon, piment (…) à des concentrations choisies en nicotine, extralight, light, medium, strong, extrastrong, et dans un packaging séduisant, comparable à une boîte de bonbons richement colorée.
Enfin, plusieurs études scientifiques ont mis en évidence :
– qu’il existe une corrélation entre les cancers buccaux et la consommation de tabac sans fumée, en particulier en Asie du sud-est et dans le bassin de la Méditerranée orientale (1)
– qu’en Asie du sud-est, l’association est significativement positive entre la consommation du tabac sans fumée et les cancers oraux et de l’œsophage, alors qu’en Europe, on observe plutôt des cancers du pancréas (2)
-qu’en Suisse une étude menée conjointement en 2016 par l’université de médecine dentaire et par la clinique de parodontologie de Berne, met en évidence une corrélation directe entre la consommation de SNUS et l’installation de lésions orales type leucoplasies et lésions parodontales type récessions gingivales.(3)
Selon le SFCD, l’évolution des pratiques liée à la consommation du tabac sans fumée (snus et variantes lyftsnus) constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur. Il est urgent de réagir, d’une part, au niveau des autorités afin de légiférer sur ces pratiques illégales de plus en plus en vogue chez les jeunes adultes et adolescents, et d’autre part au niveau des professionnels de santé et leur mission de prévention à l’encontre de ces pratiques délétères pour les générations futures.
Le SFCD alerte sur cette urgence, et demande une réaction rapide des instances concernées.
Pour télécharger notre communiqué de Presse, c’est ICI.
(1) août 2019 Association of Smokeless Tobacco Use and Oral Cancer: A Systematic Global Review and MetaAnalysis lien pubmed : ICI
(2) Relationship between type of smokeless tobacco & risk of cancer: A systematic review : ICI
(3) Snus et atteintes de la santé bucco-dentaire Une mise à jour, Jenaniy Jeyakumar, Michael M. Bornstein et Christoph A. Ramseier : ICI