Le rapport du doyen Uzan (Président du comité de pilotage) propose une re-certification des médecins tous les 6 ans. Cette proposition si elle est retenue, s’appliquerait aux médecins diplômés à partir de 2021, diplômés en France ou à l’étranger. […]
5 critères obligatoires pour être accrédité :
– La formation continue effective
– Une activité professionnelle maintenue
– Une démarche d’amélioration des relations avec le patient
– L’absence de signaux négatifs (condamnations devant les tribunaux)
– Un intérêt pour la qualité de vie et de la santé au travail.
– La formation continue effective
– Une activité professionnelle maintenue
– Une démarche d’amélioration des relations avec le patient
– L’absence de signaux négatifs (condamnations devant les tribunaux)
– Un intérêt pour la qualité de vie et de la santé au travail.
Le comité de pilotage fait aussi la liste des « bénéfices » collatéraux, avantages conventionnels ou statutaires pour les médecins jouant le jeu de la re-certification : prime de certification, aide financière assurantielle, accès facilité à un nouveau secteur d’exercice valorisant (type OPTAM)….
A quels besoins correspond cette re-certification ? Le nombre d’accidents médicaux augmente-t-il de façon exponentielle ? Le nombre de « faux » médecins ou de médecins condamnés augmente-t-il de façon inquiétante ?
La re-certification étant présentée comme une protection de l’intérêt des patients, ces questions ont-elles des réponses chiffrées ?
Existe-t-il un lien entre cette re-certification et la certification de l’article 33 du PLFSS 2019 ?
Le conseil chargé du « suivi technique et de l’évaluation » de cette re-certification serait constitué de 17 personnes représentant des patients, médecins, syndicats, autorités sanitaires (traduire : ARS), etc.
Que va-t-il suivre et évaluer ? Dans quels objectifs ? Qu’espèrent les associations de patients ? Qu’escomptent les autorités sanitaires ? Qu’attendent les syndicats ?
Certaines personnes se demandent si ce ne serait pas une façon élégante de traiter le problème des praticiens étrangers qui n’ont pas le même niveau de formation initiale que les praticiens formés en France. En dentaire, nous connaissons bien ce problème puisque 10% des étudiants formés à l’étranger n’ont jamais soigné, faute de patients à soigner! Et dans certains pays européens, les étudiants ne sont pas formés en radiologie, puisque les cabinets dentaires ne sont pas équipés de radio, ce qui est inimaginable dans un cabinet français .
Si c’était le cas, ce ne serait pas jouer très collectif avec les autres pays d’Europe : le problème est européen. La réponse à apporter se doit d’être européenne. Sinon, à quoi sert l’Europe ?
D’autres pensent que c’est une façon déguisée d’arriver à la fin du paiement à l’acte : les médecins seraient rémunérés de plus en plus au forfait, à la prime, à l’aide financière, à l’exonération… bref à tout sauf à l’acte. Ce qui déconstruit la relation patient-praticien, transformant rapidement le premier en consommateur, le deuxième en producteur de soin. Le risque est une transformation de l’alliance fondatrice du soin (patient + médecin contre maladie) en un contrat commercial. Quid de la vulnérabilité ? Quid de la dignité humaine ?
L’agriculteur a déjà connu cette transformation qui a conduit à une perte de sens de son métier. Car maintenant, ce sont les primes et les aides représentent son revenu !
D’autres encore sont persuadés que la re-certification serait l’autre nom du un numérus clausus à l’installation, pour éviter qu’il y ait trop de médecins et que leurs revenus soient trop impactés. Vu la motivation du ministre Macron pour dérèglementer les professions règlementées, afin de supprimer les freins au développement économique grâce à la libre concurrence, il est légitime d’avoir quelques doutes sur cet argument. D’autant plus que le Président Macron accélère la cadence.
D’autres enfin mettent bout à bout toutes ces nouvelles mesures, comme un puzzle, pour constater que se dessine surtout la fin du modèle français des soins, la liberté des patients de choisir leur praticien, l’indépendance du professionnel de santé de soigner ses patients en fonction de leurs besoins, une prise en charge solidaire, universelle et publique pour que chacun puisse se faire soigner.
Comme pour l’accès partiel, que d’aucuns pensent pouvoir bloquer avec un assistant dentaire niveau 2, le SFCD alerte sur le bon niveau de réflexion à avoir : il est européen, il est transverse à toutes les professions de santé, il exige de ne pas abandonner les fondamentaux du soin : la santé n’est pas un commerce, le soignant doit respecter la vulnérabilité de la personne malade, notre humanité passe par le respect de notre dignité de soigné comme celle de soignant.
La question qui se pose à tous est claire : nous sommes dans une crise sanitaire liée notamment à des facteurs économiques et environnementaux, que l’on voudrait faire porter aux facteurs comportementaux individuels. Si rien n’est fait de façon forte sur les cause réelles, il y aura de plus en plus de malades, de plus en plus jeunes en plus chroniques. Les budgets consacrés aux soins (qu’ils soient publics, privés ou individuels) seront de plus en plus importants, et la santé économique du pays sera de plus en plus impactée et atone..
Ce n’est pas la surveillance des médecins (et des patients) qui rendra les gens moins malades.
Les syndicats de santé ont un devoir pour leurs patients et le courage de le faire comprendre aux décideurs politiques comme économiques. Ils ont aussi un devoir, pour leurs adhérents, d’avoir une vision globale de ce qui se joue pour les alerter.
C’est en tout cas la position du SFCD.
Nous avons besoin de prendre un autre chemin ensemble : il ne sera pas facile mais il est indispensable. Et il ne pourra se prendre les uns sans les autres.